Thanatopracteur, une profession méconnue

La thanatopraxie provient des mots Thanatos, qui signifie dieu grec de la mort, et praxis, pratique. Même si les familles étudient de plus en plus le prix des cercueils et des urnes funéraires elles désirent toutefois, quand leur budget leur offre la possibilité, pouvoir présenter un défunt reposé aux parents et amis pour qu’ils puissent garder une meilleure image de ce dernier.

La thanatopraxie ou soins de conservation pourra répondre à cette envie. D’un côté, en prolongeant la conservation du corps grâce au retardement de la thanatomorphose (étapes de putréfaction du corps). Et d’un autre côté, en réalisant les soins esthétiques du visage qui peut comprendre sa reconstruction s’il est endommagé. Pour cela, les pionniers du métier vont jusqu’à utiliser du silicone ou de la cire afin de remplacer les bouts de chairs d’un coup de scalpel précis, au niveau des zones charnues non apparentes du défunt. Il se peut également,dans de rares occasions, que le thanatopracteur soit obligé de suturer au corps un membre sectionné en vue de le remettre en état.

Généralement réalisée à la demande de la famille, la thanatopraxie peut être pratiquée sur recommandation des autorités dans le cas d’important personnalité dont le corps est destiné à être exposé plus longtemps pendant la cérémonie d’hommage.

Actuellement, plus de 40% des décès fait recours à la thanatopraxie en France. Elle apporte une véritable évolution dans l’approche du deuil par les familles. Elle permet aux familles et proches de découvrir un parent au teint frais et visage reposé, comme s’il était juste assoupi...

Le professionnel réalise la thanatopraxie en plusieurs étapes :

• Il se charge d’abord de nettoyer et aseptiser la dépouille, puis injecter, grâce à des cathéters, un liquide contenant de formaldéhyde ** au niveau de l’artère carotidienne
• En même temps, il évacue le sang simultanément par une ponction cardiaque effectuée avec un trocart lié à une pompe.
• Ensuite, il élimine tout autre gaz et liquides du corps à l’aide du même équipement. Pour réaliser cette étape, le thanatopracteur s’équipe d’un masque anti-odeur à filtre charbon très efficace.
• Le professionnel procède par la suite à l'injection d’un liquide formolé pour remplir les cavités par la même voie. Le but étant de ralentir le développement des bactéries et retarder le processus de putréfaction de la dépouille.
• La cinquième étape consiste à effectuer une asepsie puis obstruer les orifices et fermer les incisions.
• Il se charge enfin de la toilette du corps, son habillage et le maquillage du visage.

Ces étapes durent 1 heure 30 environ, voire plus dans les cas plus difficiles. La dépouille pourra ensuite être présentée aux proches. La thanatopraxie peut être pratiquée dans une chambre funéraire (local de pompes funèbres), dans une chambre mortuaire (morgue ou local d'établissement hospitalier), mais aussi, et le plus souvent, au logement de la personne décédée. Sachez que cette technique de conservation temporaire, réalisée dans l’attente de l’enterrement ou l'incinération, est approuvée par les religions chrétiennes, à l’exception de l’église orthodoxe.

*** Le liquide est constitué de 20% à 30% de formaldéhyde de méthanol, de glycol, de phénol et d’éosine ou d’amarante, ce dernier élément a pour utilité de compenser la perte de couleur associé à l’évacuation du sang et d’éliminer les cyanoses.

Environ 1000 thanatopracteurs exercent dans notre pays. La majorité de ces professionnels en exercice dispose un diplôme d’État créé en 1994 (autrefois, seul un agrément préfectoral était requis). Un tiers sont des femmes notamment par l’importance progressante que le maquillage et la coiffure du défunt ont pris au fil des années. Les aspirants-thanatopracteurs font le choix de ce métier de leur plein gré. D’autre part, il n’existe pas encore d'étude qui prouve les motivations des professionnels à réaliser cette profession. Pour devenir thanatopracteur, il faut suivre deux formation : une formation pratique et une formation théorique.

La formation pratique nécessite d’avoir le coeur bien accroché au début puisque les élèves, généralement dès les premières heures, sont face à un cadavre dans un IML (Institut médicolégal), en vue de tester leur capacité à regarder et manipuler un corps et leur résistance à la répulsion. Elle dure  200 heures. D’un autre côté, la formation théorique dure 195 heures. Proposée par deux IUT, notamment à Lyon et Angers, et certains écoles privées, elle comprend principalement des cours d’anatomie, de technique de conservation des corps, de médecine légale, d’histologie, de réglementation, d’hygiène médicale et de sciences humaines de la mort.