Le crématorium de Biganos est très attendu

Le sol du cimetière était gorgée d’eau. Un jour, alors que le maire de Biganos, Bruno Lafon est allé se recueillir sur la tombe de son père, il a remarqué ce triste spectacle. C’est après cela qu’il a pensé que la crémation pourrait être la solution. « Je n’y connaissais rien. Mais ça m’intéressait. Et j’ai découvert que les proches le demandaient de plus en plus, et qu’en Gironde, les crématoriums qui existent étaient saturés et éloignés du Bassin », précise-t-il.

En effet, Montussan et Mérignac affiche aujourd’hui un peu plus de 5000 crémations, ce qui dépasse de loin leur capacité. Ainsi, l’attente est allongée pour les familles. Elle excède souvent les 6 jours après le décès, délai maximum autorisé par la loi avant l’enterrement ou l’inhumation d’un corps. Le projet du maire de Biganos est alors né un beau jour dans la boue d’un cimetière et finit par se réaliser concrètement, dix années ce sont pourtant passées.

Le crématorium de Biganos sera inauguré officiellement le 22 mai 2019. Les travaux sont très avancés. Avec une courbe élégante, il dispose une carapace de lames de pain imaginée par l’architecte Ugo de Marco. L’équipement est installé à la limite du lieu d’activités de la Cassadotte et d’un espace de la nature  « On désirait l’intégrer dans le site, faire quelque chose d’harmonieux », selon Bruno Lafon. Il proposera une capacité de 500 à 900 crémations par an, et évitera évidemment les longs déplacements et les attentes allongées aux familles en deuil du Bassin de Val de l’Eyre. Les Habitants du nord des Landes présente actuellement une importante croissance démographique et pourraient également utiliser crématorium.

 Cependant, le combat du maire de Biganos pour cet établissement n’était pas gagné au début puisque crématorium et riverains ne s’associent pas. Les habitants n’ont effectivement pas souhaité avoir ce genre de projet proche d’eux. Certains ont donc attaqué tous les projets. Et celui de Biganos n’a pas fait exception. Au début, il devait être construit à la sortie de la commune direction Marcheprime, au lieu-dit Ninèche, près de l'aire de passage des personnes du voyage. La fronde des riverains a recouru à la loi Littoral et les pollutions réelles ou imaginaires des fumées produites par l’équipement. Les opposants étaient tenaces et les contraintes administratives finies par avoir raison du projet.

« On aurait pu tout arrêter. Mais je suis têtu. On a trouvé un autre terrain dans la zone d’activités. » Selon Bruno Lafon qui choisit ce cadre plus près de l’autoroute et donc facilement accessible.

Le projet est devenu réalité, mais l’affaire est n’est pas bouclée. On juge qu’il s’agit d’un projet près d’une zone humide délicate, construit sur une nappe de faible profondeur spécifiquement sensible aux pollutions, le site risque d’être inondé et perturber la faune, il y a également risque d’incendie, et à nouveau rejet unanime des citoyens touchés.

Mais Bruno Lafon a réussi à faire face à tous ses obstacles en convaincant le Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires, ainsi que le préfet de l’époque. Actuellement, le crématorium est presque terminé. Un édifice avec une ossature en bois qui sera constitué de deux zones : l’une accessible au public et une autre réservée pour la crémation. Il est équipé d’un système de traitement de fumées avant son rejet conforme à la réglementation. Un jardin du souvenir est également intégré pour la dispersion des cendres.

 La délégation du service public pour la construction et la gestion de l’équipement est obtenue par l’Entreprise Etchart de Bayonne. Celle-ci possède des expériences en la matière puisqu’elle gère déjà le crématorium de Biarritz. En échange de cette délégation, elle devra verser une redevance chaque année à la commune.