Thanatopraxie et écoresponsabilité

La réalisation des soins de thanatopraxie ou soins de conservation est régie par l’art. L2223-19-1 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT). Selon cet article, ces soins ont “pour finalité de retarder la thanatomorphose et la dégradation du corps, par drainage des liquides et des gaz qu’il contient et par l’injection d’un produit biocide”. 

En pratique, la thanatopraxie consiste à :

• Drainer le sang par le système veineux, notamment par la veine jugulaire et/ou l’oreillette droite du coeur 
• Injecter un fluide avec ou sans formol via le système artériel, les artères carotides/brachiales/fémorales
• Ponctionner les cavités abdominales et thoraciques afin d’y introduire un fluide de cavité 

Ces actions permettent de ralentir la décomposition du corps lors de sa présentation au funérarium, au domicile familial ou pendant son rapatriement. Les déchets biologiques associés aux matières biologiques issus de cette technique sont placés dans un récipient destiné à cet usage (également nommé “DASRI”) et éliminés par un collecteur agréé. 

Les soins de thanatopraxie ont trois raisons d’être : 

1- Préserver la salubrité publique 

2- Conserver le corps en retardant le processus de dégradation 

3- Assurer une meilleure présentation du corps 

La thanatopraxie permet de donner un teint naturel et une apparence détendue au défunt avant la présentation de son corps à la famille. Ainsi, le défunt a l’apparence d’une personne apaisée qui dort. En effet, cette technique efface les stigmates de la mort et favorise l’acceptation de la situation pour les proches. Elle assure également une hygiène parfaite. 

Cette présentation permet à la famille d’accepter la mort et participe grandement au processus de deuil, qui peut s'avérer d’autant plus difficile si le décès est survenu brusquement sans que la famille n’aie eu l’occasion de se préparer à cette disparition. Pour de nombreuses personnes, les soins de conservation sont les seuls moyens de revoir leur défunt, car ils permettent de stabiliser le corps et de le restaurer en cas de dégradation suite à un accident par exemple. 

Par ailleurs, Manu Keirse, dans son livre Faire son deuil, vivre un chagrin, explique l’importance de la présentation du défunt à la famille, surtout en cas de décès brutal et traumatique. Il recommande notamment de “préparer convenablement le corps afin qu’il puisse être présenté”, car, “l’imagination est souvent pire que la réalité”.

Bon à savoir :

La thanatopraxie, aussi nommée “embaumement moderne ou artériel” est apparue en Europe au cours du XIXe siècle. Au début, on a eu recours à cette technique afin de conserver les corps destinés aux travaux d’anatomie. Aux Etats-Unis, lors de la guerre de Sécession, cette technique a été utilisée pour conserver les corps des soldats décédés loin de leur domicile avant leur rapatriement. La thanatopraxie a évolué avec le temps et permet désormais d’assurer une présentation optimale du défunt, en plus de favoriser sa conservation.